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La musique du temps de tes ancêtres

Pour bien commencer ta journée, rien de tel qu’un bon vinyl. En voiture, tu écoutes la radio, et si tu prends le bus, ce n’est qu’avec une playlist bien choisie dans les oreilles. Tu fredonnes en boucle en rentrant des courses ce titre entendu au supermarché. En soirée, tu aimes t’improviser DJ. Et le dimanche matin, tu maudis tes voisins qui ont pris l’habitude de mettre à fond leur chanteur préféré.

Je pourrais te parler de ce concert où tu vas aller ce week-end, de la musique des pubs à la télé, des CDs dont tu ne sais plus quoi faire maintenant que tout est dématérialisé, des chansons de Noël diffusées dans les rues dès que novembre pointe son nez, ou encore des évènements bruyants organisés dans les parcs et sur les plages aux premiers rayons de soleil…

C’est un fait : qu’on le veuille ou non, la musique est un élément du quotidien. Tellement, qu’on n’y fait plus vraiment attention. Mais regarde ton arbre généalogique : crois-tu vraiment que tes ancêtres du XVIIIe siècle se baladaient casque sur la tête ?

⏰ Durée de lecture estimée : 8 minutes
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📖 SommaireLes lieux de la musique 🗺
• Qui joue de la musique ? 🎼
• Un monde sonore oublié 📣

• En bref

Tu t’en doutes, concernant la musique, il y a un gouffre entre notre vie d’aujourd’hui et celle de tes ancêtres de 1930, 1810, 1760, 1640… La révolution causée par la création de nouveaux moyens de communication au début du XXe siècle a permis une diffusion massive de la musique. Mais ce n’est pas pour autant qu’il n’y en avait pas avant ! La musique n’est pas une invention récente (on a retrouvé des instruments datant de la Préhistoire). Le quotidien de tes ancêtres se faisait, aussi, en musique.

Alors à quoi ressemblait l’univers sonore de tes ancêtres ? Quel était leur rapport à la musique ?

Les lieux de la musique

En France, les espaces où on joue de la musique diffèrent selon les siècles, mais il y a une chose sur laquelle on s’accorde depuis l’Antiquité : la musique est un élément essentiel de la société. Elle est présente à la cour des rois, en particulier celle de Louis XIV, qui fonde l’Académie royale de musique (futur Opéra de Paris) en 1669.

Au XVIIe siècle, les concerts ont souvent lieu chez les artistes eux-mêmes, puis la haute société (des particuliers fortunés et des aristocrates) tient des salons, des réunions intellectuelles et artistiques à domicile en cercle restreint. On y donne des concerts d’instruments, ou on chante des airs à boire et des airs sérieux qui se distinguent par les thèmes abordés dans les paroles, accompagnés au luth ou à la viole… et qu’on peut entendre aussi dans des lieux publics et plus populaires, comme les cabarets (plus proches de la taverne que de Patrick Sébastien).

Certains lieux de divertissement s’articulent autour de la musique. C’est le cas du théâtre, de l’opéra et d’autres salles de bals et de concerts, où se pressent les bourgeois mélomanes et amateurs de mondanités. Là, la musique donne aussi l’occasion d’asseoir son statut.

Hors de ces espaces privilégiés, on n’est pas silencieux pour autant ! Saltimbanques, joueurs d’orgue de barbarie, chanteurs et musiciens ambulants animent les rues des villes et les foires, contribuant à forger leur atmosphère sonore et diffusant les chansons sur tout le territoire. Également transmises grâce à des recueils imprimés, celles-ci abordent tantôt l’amour et les grivoiseries, la politique, l’actualité et les faits divers, et parfois l’opéra (pour en reprendre les récits ou critiquer les pièces et leurs interprètes).

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Les guinguettes prennent vie au XIXe siècle. Au départ, elles s’installent plutôt chez les magasins de vin. On s’y cache après la fermeture pour danser – cela étant interdit sans autorisation préfectorale accordée au gérant, notamment pour éviter la diffusion de chansons subversives. À partir de 1849, elles deviennent des cafés-concerts proches de ceux que l’on connaît aujourd’hui, des établissements de restauration où l’on peut danser et chanter.

À ne pas confondre avec les goguettes, qui démocratisent auprès de la population ouvrière le principe du Caveau (une société chantante très sélective organisant des soirées en petits groupes pour se détendre et chanter). Les hommes comme les femmes peuvent y participer.

Au travail, que ce soit à l’atelier, dans les champs, avec le bétail ou à l’usine, on chante très souvent de façon spontanée. Certaines chansons de Compagnons ont même une visée éducative, tout en consolidant les liens du groupe. Les ouvriers intègrent aussi des chorales, des fanfares et des harmonies au sein de sociétés musicales créées par les manufactures. Le fait d’être musicien devient même un critère supplémentaire d’employabilité. Enfin, il ne faut pas oublier les lieux de culte où la musique tient une place importante, tout comme dans le domaine militaire, et les fêtes qui ne se font pas sans musique !

Qui joue de la musique ?

Les musiciens professionnels sont reconnus comme tels à partir du XVIe siècle. Ils travaillent pour l’Eglise, l’armée, les théâtres, les académies de musique au XVIIe siècle, et la municipalité, ou exercent leur art dans la rue. Certains sont indépendants et bénéficient du soutien de mécènes. D’autres travaillent ponctuellement pour des particuliers, à l’occasion de fêtes, de cérémonies ou de petits concerts. Ils se font connaître par le bouche-à-oreille et grâce à leur capacité à se démarquer et à s’adapter à la demande. Nombre d’entre eux sont polyvalents et maîtrisent plusieurs instruments, ce qui leur permet de cumuler les employeurs — utile en cas de précarité.

Les musiciens apprennent souvent leur art au sein de leur famille, le plus souvent par leur père. En dehors de ce cercle, il est possible d’apprendre la musique par l’Eglise, qui forme les enfants tout en leur apportant les bases de l’instruction. Du Moyen-Âge au XVIIIe siècle, des corporations de ménétriers (le nom donné aux joueurs d’instruments) forment aussi des musiciens en plusieurs années, parfois plus de 7 ans.

Avant et après la Révolution, la musique est enseignée aux fils et aux filles des bourgeois et des nobles. Cet apprentissage se fait à la maison, ou dans le cadre de leur cursus scolaire pour les garçons, au pensionnat covental pour les filles. La musique est considérée comme un art d’agrément, et fait donc partie des indispensables de l’éducation des jeunes filles de bonne famille. Les foyers les plus riches ont chez eux des pianos, signe de leur appartenance sociale et de leur éducation.

Même s’il existe au XIXe siècle des écoles publiques, l’enseignement reste majoritairement privé. Bien que le Conservatoire de Paris soit en France le premier établissement d’enseignement supérieur ouvert aux filles, celles-ci n’ont au départ pas droit à un apprentissage aussi complet que les garçons. Pour elles, pas de cours d’instruments à cordes ou à vent, ni de cours d’harmonie et de composition.

À la campagne, la musique s’envisage différemment. Indissociable des activités quotidiennes, on apprend presque naturellement, par imitation et imprégnation, directement dans sa propre famille ou accompagné par un maître d’instrument. La transmission se fait oralement et on joue les airs d’oreille, tout en faisant preuve de créativité.

Un monde sonore oublié

Evidemment, les styles sont très différents des titres qui sortent aujourd’hui : outre les tendances, les nombreux progrès technologiques survenus au fil des siècles, dont certains sont de vraies révolutions (comme l’enregistrement ou la bande magnétique) n’y sont pas pour rien.

Les musiques du passé nous sont beaucoup parvenues grâce aux partitions imprimées, en particulier concernant la musique classique. La musique populaire, issue d’une tradition orale (d’où des inexactitudes et des réinterprétations), est parfois aussi transcrite à l’écrit. Au XIXe siècle notamment on peut acheter au colporteur et au marchand de musique les mélodies et les paroles des chansons qu’ils entonnent dans les rues.

Avant le XXe siècle, la musique rencontrée dans les villes et les campagnes s’accompagne de toutes sortes de manifestations bruyantes et sonores destinées à rassembler, informer, motiver, s’exprimer. Par exemple, les exclamations des crieurs publics et des marchands ambulants, les cloches des églises et des autorités, les sonneries et les machines des usines lorsque le pays s’industrialise. On distingue le bruit des outils utilisés par les artisans, les roues des véhicules lancés sur les chemins, les sabots et le hénissement des chevaux… Une multitude de sons qu’on n’entend plus aujourd’hui dans nos centres-villes, ni ailleurs (ou en tout cas pas de la même façon).

Ce sont ces atmosphères que s’emploie à reconstituer l’archéologie sonore, une discipline peu connue de la recherche en sciences humaines. En voici un exemple avec une visite en 3D de Paris au XVIIIe siècle, construite autour d’une reconstitution minutieuse du paysage sonore de la capitale (à partir de la deuxième minute).

Alors je te l’accorde, ce n’est pas le premier sujet auquel on s’intéresse quand on commence les recherches généalogiques. Mais en te posant des questions précises de ce style sur la vie courante des gens qui forment ton arbre, tu te mets dans leurs baskets. Et ça, c’est une étape fondamentale pour écrire leur histoire sans se tromper !

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En bref :

La musique est présente dans nos vies quotidiennes depuis l'Antiquité. Les villes et les campagnes sont très loin d'être silencieuses !

• Elle touche se joue dans des lieux dédiés, chez des particuliers fortunés et dans des espaces populaires. Malgré les interdictions, on n'hésite pas à se réunir en secret pour chanter

• L'éducation musicale est répandue chez les foyers aisés et c'est une étape indispensable au parcours d'une jeune fille de bonne famille

• À la campagne, la musique populaire se transmet presque naturellement, grâce à la tradition orale

• Outre la musique et ses pratiques, c'est tout un univers sonore que tu peux imaginer en accumulant les détails sur tes ancêtres et leurs activités

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