On n’y pense pas tout de suite, pourtant la visite de cimetières est un incontournable de la recherche généalogique. Plus qu’un simple moyen de sortir la tête des papiers et de s’aérer, ce genre de déplacement complète parfaitement l’enquête aux archives ou auprès de personnes-ressources.
Rien de glauque là-dedans : les cimetières, ce sont d’abord des lieux créés pour les vivants ! Ces espaces de recueillement recèlent de nombreuses informations utiles à la création de ton arbre. Ils peuvent même te permettre de lever le voile sur plusieurs générations d’un coup.
Si tu n’es pas très à l’aise avec l’idée de t’y aventurer, sache que ce sont de vrais refuges pour la biodiversité. On est plus proche d’une ambiance Disney que de The Walking Dead (le conservateur du cimetière du Père Lachaise, à Paris, tient un super compte sur insta à ce sujet @la_vie_au_cimetiere).
Les cimetières, pour quoi faire ?
Sur les pierres tombales, tu peux trouver l’identité complète d’un défunt (ses différents prénoms, son nom de jeune fille) et ses dates de naissance et de décès (voire les lieux qui y correspondent). Les personnes sont souvent enterrées avec leur conjoint et leurs parents, ou leur belle-famille : tu obtiendras les mêmes indications à leur sujet.
Si la personne que tu cherches a eu des enfants, et en particulier s’ils sont décédés jeunes, il y a des chances pour qu’ils reposent au même endroit eux aussi. Cela peut te permettre de découvrir leur existence, en particulier si les recensements ne les mentionnent pas, ou que les actes d’état civils qui les concernent ne te sont pas parvenus. Enfin, tu pourrais observer des armoiries, des signes marquant l’appartenance à une communauté. Et pour les sépultures les plus récentes, des photos.
Accumuler les indices
Il peut te paraître impossible de retrouver la trace de certains de tes ancêtres. Et puis, en visitant le caveau d’autres membres de la famille, sans explications, tu te rends compte que tes aïeux manquants étaient là depuis tout ce temps. Cela, parfois à des centaines de kilomètres du principal lieu de vie connu !
Si ce genre de découverte peut décontenancer, il ouvre de nouvelles questions à explorer. Hors du cimetière, tu pourras chercher la raison de ces regroupements familiaux. Une guerre qui les aura fait rejoindre la famille éloignée, une perte d’autonomie qui pousse les parents à habiter de nouveau avec leurs enfants… De quoi approfondir encore tes connaissances sur l’histoire de ta famille et les relations entre ses membres.
Tu remarqueras que tout le monde n’est pas enterré de la même façon : certains ont droit à de véritables temples (le terme « monument funéraire » prend tout son sens). D’autres au contraire doivent se contenter d’une simple pierre nue — ou pire, de la fosse commune. Les sépultures donnent une idée de la richesse des défunts, ou de leur statut dans la société.
Ainsi, leur style architectural t’indiquera si tes ancêtres étaient des fashion victims soucieuses d’étaler leur « bon » goût et leur fortune (oui même en matière de tombes, il y a des modes et des tendances)… À défaut de date précise, cela te donnera l’époque à laquelle les défunts ont été enterrés. L’emplacement est un autre moyen de se distinguer et de mettre en avant son rang social : renseigne-toi sur l’histoire du cimetière pour mieux l’analyser.
Voyager dans le temps
Aller au cimetière, c’est évidemment voir des sépultures… C’est aussi une première étape pour approcher les lieux de vie de tes ancêtres. Bien souvent, on repose près de là où on a vécu ses dernières années. Ta visite peut être la première étape d’un parcours plus global dans la ville de tes ancêtres, à la recherche de leurs habitations et des endroits où ils avaient leurs habitudes.
D’une façon générale, la visite au cimetière, c’est le moment d’une prise de conscience. Même si tu t’en rendais déjà compte en consultant les archives depuis ton ordinateur, en interrogeant tes proches ou en examinant les photos, devant les tombes de tes ancêtres tu rentres dans le dur, le concret.
Ces gens sur lesquels tu essaies d’en apprendre plus ont bel et bien existé. Alors bien sûr, c’est pas non plus comme s’ils étaient là, en face de toi… Enfin en l’occurrence si, mais pas vraiment de façon à ce que vous ayez une conversation. Dans les cimetières, on franchit encore un peu plus la frontière entre virtuel et réel.
Le bon cimetière, et la bonne tombe
Que tu décides de franchir le portail d’un cimetière pour aller plus loin dans tes recherches, c’est bien ; mais dans quel cimetière enquêter ? Et une fois sur place, comment se diriger ?
Pour savoir où ton ancêtre est inhumé, tu peux faire une demande auprès du service des cimetières de son lieu de décès. Si tu ne le connais pas, les recensements de population et les listes électorales pourront peut-être te débloquer. Tu peux aussi aller voir directement dans les répertoires annuels ou les registres journaliers d’inhumation. En plus de t’indiquer la bonne nécropole, ces archives devraient te donner l’emplacement de la sépulture recherchée. Dans les cimetières, il est défini par la section et le rang.
Attention cependant : les descriptions du type : « section 59, à côté de Mme Dugenou, en face du vieux chêne, à la jonction de la famille Machin et du Duc de Trucque » sont à prendre avec des pincettes. Déjà, parce qu’elles ne sont pas toujours faciles à comprendre. Mais aussi parce que depuis qu’elles ont été écrites, tout peut avoir changé…
Des cimetières connectés
Certains cimetières possèdent leur propre base de données accessible en ligne. Il te suffit d’indiquer le nom de la personne recherchée pour savoir si elle s’y trouve. D’autres mettent à disposition des bornes près de l’entrée pour localiser facilement les tombes sur un plan interactif. Sur place, tu peux aussi t’adresser au personnel du cimetière pour te diriger.
S’il n’y a pas de traces de la sépulture de ton ancêtre dans la ville du dernier domicile connu, tourne-toi vers les lieux de résidence des enfants, ou le lieu d’origine du conjoint. Tu pourrais te trouver face à l’un de ces regroupements familiaux dont on parlait plus tôt.
La généalogie, c’est une communauté de passionnés qui aiment s’entraider : il existe plusieurs projets de relevés et d’indexation collaborative des tombes accessibles sur internet. Cela veut dire des noms, des dates, mais aussi des photos des sépultures concernées. Pratique si tu ne peux pas te déplacer ! Tu peux faire ta recherche sur Geneanet, CimGenWeb ou encore Wikimedia Commons.
Les réflexes avant chaque visite aux défunts
Tu as identifié le ou les cimetières à visiter ? Il ne te reste plus qu’à y aller. Enfin, pas tout-à-fait : vu que tu ne t’y rends pas seulement pour le plaisir de la balade, il est préférable de faire un point sur l’objet de ta recherche et les outils à emmener. Ni bricolage ni exhumation en vue ! Juste de quoi t’assurer toutes les chances de récupérer les informations dont tu as besoin.
Première chose, donc : définir quelles personnes tu vas visiter et réunir sur un support facile à transporter les données de localisation dont tu disposes. Note aussi les horaires du cimetière. Et n’oublie pas de te renseigner sur ses accès (c’est toujours un peu dommage de devoir faire tout le tour du mur d’enceinte parce qu’on n’est pas arrivé du bon côté). Si tu peux, programme ta visite un jour où le personnel est disponible. Certaines administrations de cimetières ne sont en effet ouvertes au public qu’une fois dans la semaine.
Ensuite, il s’agirait de ne pas arriver les mains vides. Je ne te parle pas de fleurs (mais bien sûr, prends-en si tu veux) ! Plutôt d’accessoires « généalogiste au cimetière », à savoir : de la craie ou du papier d’aluminium, un pinceau et de l’eau — pour faire apparaître les inscriptions érodées des monuments, eh oui ! Mais aussi un appareil photo, et de quoi écrire pour noter tout ce qui te paraît utile. Tu pourras par exemple reproduire un plan des lieux et y indiquer l’emplacement de chaque sépulture.
Certains cimetières n’offrent malheureusement que peu d’ombre… voire pas du tout. Aussi emporte avec toi un chapeau, une gourde et des lunettes de soleil (les graviers blancs en plein soleil, ça fait mal à la rétine). L’idée est de rendre visite aux morts, pas de les rejoindre.
Face aux tombes : action-discrétion
Même si tu es là dans le cadre de tes recherches, n’oublie pas que les cimetières sont des espaces de mémoire et de spiritualité. Cela implique de ne pas déranger les personnes venues se recueillir, de respecter les monuments et de garder une certaine retenue. Si ton comportement interpelle, n’hésite pas à expliquer ta démarche : la généalogie est une pratique généralement bien vue.
Si ta visite est improvisée, assure-toi au moins de prendre des photos des sépultures sous toutes les coutures. C’est totalement autorisé et ne nécessite aucune demande préalable (ni à la famille concernée, ni à la mairie) : elles font partie du domaine public. Tu pourras ainsi prendre le temps de les analyser plus tard.
D’ailleurs, pourquoi ne pas en profiter pour partager tes découvertes à d’autres généalogistes ?
Si tu as un peu de temps, tu peux relever les informations contenues sur d’autres tombes et mettre données et photos en ligne, dans le cadre d’un relevé collaboratif. Une façon de contribuer, toi aussi, à ce qu’il soit de plus en plus facile de retrouver ses ancêtres.
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