Les historiens et les généalogistes, bien que souvent le nez dans leurs papiers, sont aussi des êtres doués de parole et adeptes de l’écriture… En particulier quand il s’agit d’évoquer leurs recherches en cours (tmtc).
Mais il arrive que leurs choix de mots laissent perplexe quiconque débarque dans le game : on a tout d’un coup l’impression étrange que bien que parlant la même langue, quelque chose nous échappe (un plexe ? Implexe ? C’est un duplex sans étage ?).
Un peu comme quand on regarde « Des chiffres et des lettres » et que les participants se sourient d’un air entendu, et que toi, t’as bien entendu, mais t’as rien compris (fais pas genre t’as jamais regardé, moi en vrai je regarde pas, mais en zappant ça m’est arrivé de tomber dessus).
Alors si tu veux apprendre le doux langage de la généalogie et des archives familiales, et accessoirement (mais pas tant) te la péter grave lors de ta prochaine soirée chic, lis la suite de l’article.
Le vocabulaire des liens de parenté
Le lexique qui permet de nommer précisément les rapports familiaux est un indispensable en généalogie : à la fois pour comprendre les relations évoquées dans les actes, pour l’employer toi-même et pour savoir de qui tu parles.
On va pas tout reprendre depuis le début non plus : j’imagine que sans être spécialiste en généalogie, fils et fille, père/mère, grand-père/grand-mère et beaux-parents font partie de tes basiques. Si je te dis cousins germains, tu as peut-être un doute. Et si maintenant je te pose là un « cognat », tu te demandes si j’ai pas un peu trop anticipé l’apéro (faux, je suis parfaitement lucide et j’ai horreur du Cognac).
Pour te le prouver, je t’ai fait une petite liste thématique et un joli (n’est-ce-pas ?) schéma.
Les bases
- Ascendant : les ascendants sont toutes les personnes nées avant le De Cujus et qui ont une parenté directe avec lui.
- Descendant : les descendants sont toutes les personnes nées après le De cujus et qui ont une parenté directe avec lui.
- Ligne directe : une parenté verticale sur plusieurs générations.
- Ligne collatérale : l’ensemble formé par une fratrie et ses ascendants ou ses descendants.
- Degré : pour calculer les degrés de parenté, on part du De cujus. Son père et sa mère lui sont parents au 1er degré, ses grands-parents le sont au 2e degré, ses arrière-grands-parents au 3e degré, etc.
Cela fonctionne de la même façon pour les descendants du De cujus. Ses enfants ont un lien de parenté avec lui au 1er degré, ses petits-enfants au 2e degré etc.
Pour ce qui est des liens de parenté avec les oncles, tantes et cousins, ce n’est pas beaucoup plus compliqué. On remonte jusqu’à l’ancêtre commun, et on rajoute un degré à chaque génération descendante.
Sur le schéma, l’ancêtre commun avec la tante du De cujus est forcément un grand-parent (2e degré donc), la tante est donc parente avec le De cujus au 3e degré. Si t’as rien compris, re-regarde le schéma. - Sosa : la numérotation Sosa est une méthode pour ne pas trop s’emmêler les pinceaux et retrouver facilement un individu dans un arbre généalogique. Le principe, c’est d’attribuer à chaque personne de l’arbre un numéro unique.
Le De cujus porte le n°1, son père le n°2 et sa mère le n°3. À partir de là, tous les hommes de l’arbre portent des numéros pairs, toutes les femmes des numéros impairs.
Comme ça, au lieu de parler de ton arrière-grand-père du côté de ta mère en passant par son père, tu dis « le sosa n°12 » et tout le monde s’y retrouve.
Dans l’arbre
- De cujus : il s’agit de la personne dont on fait l’arbre généalogique.
- Aïeul : c’est un synonyme de grand-parent, comme bisaïeul l’est pour arrière-grand-parent, et trisaïeul pour arrière-arrière-grand-parent, etc…
- Agnats : ce sont les descendants directs et collatéraux par les hommes d’un même ancêtre. On peut se concentrer sur la généalogie agnatique, qui ne prend en compte que les hommes.
- Cognats : à l’inverse des agnats, ce sont les descendants directs et collatéraux par les femmes d’une même ancêtre. On peut faire un arbre généalogique cognatique, qui ne prend en compte que les femmes.
- Consanguins : qui ont le même père biologique mais pas la même mère.
- Utérins : qui ont la même mère biologique mais pas le même père.
- Cousin germain (au cas où) : cousin issu d’un frère ou d’une soeur d’un des parents du De cujus.
- Frère ou soeur germain•e : qui a les mêmes parents biologiques que le De cujus.
- Cousin issu de germain (ouhla) : enfant d’un cousin germain du De cujus ou si tu préfères, petit-cousin.
- Enfant adultérin : un enfant conçu alors que l’un des parents est marié avec une autre personne.
- Enfant naturel : un enfant conçu sans que les parents ne soient mariés.
- Implexe : si une personne s’allie à une autre alors qu’elles sont parentes, toutes deux seront désignées comme des implexes. Elles apparaissent ainsi plusieurs fois dans la généalogie d’une même famille (par exemple dans le schéma, comme cousin germain et beau-frère), réduisant le nombre d’ancêtres.
Les termes d’archives
Quand tu commences ta généalogie, tu peux te retrouver face à un drôle de jargon qui rend difficile ta progression. Comment t’orienter si tu ne parles pas la même langue que le personnel des archives (ou la page web, si tu fais des recherches en ligne) ?
Il existe beaucoup de termes archivistiques (parfois un peu imbuvables quand on n’est pas soi-même archiviste). Alors concentrons-nous sur ceux qui croiseront le plus souvent ta route :
- Article : c’est une unité matérielle de conservation et de classement. L’article peut être retrouvé grâce à la côte qui lui est attribuée. Il peut désigner un ou plusieurs documents.
- Côte : il s’agit d’une combinaison de symboles qui fait office de référence pour un article. Elle permet de le classer ou de le ranger, et de l’identifier et le localiser précisément.
- Cadre de classement : c’est le plan d’organisation des archives. Il se divise en séries et sous-séries.
- Série : plusieurs fonds d’archives réunis classés ensemble sur une base thématique, chronologique, typologiques etc.
- Fonds : on appelle ainsi un ensemble de documents (qui peuvent être très variés) réunis par une personne physique ou morale dans le cadre de son activité.
- Etat général des fonds : présentation brève des fonds conservés dans un service d’archives.
- Inventaire : description d’un fonds visant à faciliter la recherche en fournissant des informations telles que la source, l’histoire et la quantité de documents qu’il contient.
- Minute : acte de notaire ou d’état civil original.
- Magasin : comme en bibliothèque, c’est un local où sont conservés des documents.
- Récolement : on fait un récolement lorsque l’on vérifie le nombre et l’état des articles conservés dans un fonds.
Les disciplines annexes
Pour mener tes recherches et les enrichir de toutes sortes de détails, d’autres disciplines que la généalogie peuvent t’aider. En voici quelques-unes :
- Si tu as des ancêtres nobles, l’héraldique pourrait particulièrement te servir, puisqu’il s’agit de la science des blasons et des armoiries.
- Avec la paléographie, on se penche sur les différentes façons d’écrire à travers les siècles. Face à certains textes d’archives, il est nécessaire d’avoir des connaissances en paléographie pour espérer comprendre ce que l’auteur a voulu écrire.
- L’uniformologie s’attache à l’étude des uniformes, qu’ils soient militaires ou liés à d’autres corps de métiers (médecine ou chemins de fer par exemple)
- L’anthroponymie : un mot qu’on n’entend pas si souvent et qui désigne pourtant l’étude d’un élément au cœur des arbres généalogiques, les noms propres de personnes !
- La toponymie est consacrée aux noms de lieux et étudie leur étymologie, leur histoire et leur évolution.
Maintenant que tu maîtrises tout ce nouveau vocabulaire, c’est le moment de te lancer à l’assaut de ton arbre là où tu l’avais laissé. N’aie plus peur des archivistes, des généalogistes et de leur charabia, ce langage n’a plus de secret pour toi (enfin, les grandes lignes au moins).
Le bonus caché dans cet article ? Si tu apprends tous ces mots par cœur, tu pourras tenter ta chance au championnat de France de scrabble (oui oui, ça existe)… Ou au moins gagner face à ta mamie. Et ça, c’est une expérience à vivre au moins une fois.
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